Stigmatisation: les préjugés envers la santé mentale et les dépendances
Karol-Ann Scott | 22 septembre 2023
La stigmatisation entourant les enjeux de santé mentale et de dépendance reste un véritable casse-tête à résoudre. Contrairement à la croyance populaire, certaines personnes en souffrance cachent bien leur jeu. Mais, parfois, ce n’est qu’une question de temps avant de se retrouver au bord du gouffre.
La dépendance aux substances est une réalité qui est parfois bien cachée, malgré les apparences. Sean, un ex-policier de Gatineau qui a remis son badge en 2020 après 6 ans de services, a été diagnostiqué avec une dépression majeure, qu’il a souvent qualifié de cercle vicieux.
Sean avait nié tous les signes précurseurs de la dépendance, avant d’atteindre un point de non-retour, en plus de songer à mettre fin à ses jours. Aujourd’hui, grâce à l’aide psychologique et au soutien de ses proches, il a réussi à s’en sortir. Même s’il n’a pas sombré dans de profondes dépendances, il admet que la tentation était mise à l’épreuve pour chasser ses démons intérieurs lors des moments plus difficiles.
C’est sûr et certain que si tu as des craintes, mais que tu le dis pas à personne, il y a pas personne qui va le savoir. C’est pas écrit dans notre front.
-Sean McConnery, ex-policier du Service de police de la Ville de Gatineau
Les intervenants du milieu sont aussi témoins de cette idée préconçue. Le directeur général du Centre d’intervention et de prévention en toxicomanie de l’Outaouais (CIPTO) en sait quelque chose. Selon lui, personne n’est à l’abri des dépressions et des traumatismes qui peuvent se traduire par des idées noires face à l’impuissance.
Même ceux que l’on croyait inébranlables peuvent aussi atteindre le fond du baril et noyer leur peine dans la dépendance.
On a déjà la honte de de vivre ça. Mais, après ça, de se faire juger, de se faire catégoriser aussi. Des fois se faire dire c’est de ta faute, c’est ton choix. Puis, à un moment donné, à côtoyer la misère, la souffrance psychologique embarque, puis c’est là où tu vas peut-être te chercher un réconfort dans une consommation de substance.
-Yves Séguin, directeur général du Centre d’intervention et de prévention en toxicomanie de l’Outaouais