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Le monde des services d’urgence (5/5): des enjeux d’une rive à l’autre pour les pompiers
Karol-Ann Scott | 10 novembre 2023
Les enjeux en matière de sécurité incendie ne datent pas d’hier, bien au contraire. Souvent, les pompiers de Gatineau doivent se fier à leurs confrères d’Ottawa pour mener des interventions plus risquées, faute de ressources ou même de volonté politique, selon certains.
Zone d’exclusion, sauvetage à haut risque et communications erronées. Ce ne sont que quelques défis auxquels sont confrontés les pompiers de Gatineau. Souvent, pour prêter main forte, le service incendie d’Ottawa est appelé en renfort.
Gatineau, c’est quand même la quatrième plus grosse ville au Québec, mais on a besoin de quelqu’un d’autre pour venir nous couvrir.
-Stéphane Noël, président du syndicat des pompiers de la Ville de Gatineau
L’une des principales problématiques sont les rapides Deschênes, où une vingtaine d’interventions sont menées chaque été. Cela représente 30% des appels du service de sécurité incendie de Gatineau.
Pourtant, de nouveaux équipements devaient s’ajouter à la flotte, mais coup de théâtre. Les moteurs ont brisé après une semaine. Aux défis s’ajoute l’abolition des équipes-araignées, des équipes d’intervention spécialisées en hauteur. La coupure a eu lieu en 2017 par la Ville, par souci d’économie. Une bataille juridique s’en est suivie, mais sans succès.
De son côté, le directeur du Service de sécurité incendie de la Ville de Gatineau ne sent pas le besoin de réclamer des ressources pour réinstaller les équipes-araignées.
Cinq appels sur cinq ans, je crois que moi je ne me sens pas justifié auprès de l’administration municipale d’aller demander ces sous-là.
-Denis Doucet, directeur du Service de sécurité incendie de la Ville de Gatineau
Il vous est peut-être déjà arrivé que votre appel d’urgence provenant de la rive québécoise soit transféré en Ontario. Ce sont des lacunes de communication qui devraient être limitées avec la mise en place, en septembre, du service de premier répondant niveau 1 à Gatineau. Le protocole devrait être plus clair et direct, avec un moins grand risque d’erreur, avait assuré en septembre dernier le directeur général du centre de communication santé Outaouais
Tous s’entendent pour dire que chaque minute compte pour sauver des vies.
Pas un pompier qui va laisser quelqu’un se noyer et agir comme spectateur. C’est évident que les gens sont quasiment prêts à se faire suspendre pour ça parce que c’est ça que l’employeur va faire. Mais on va y aller pareil.
–-Stéphane Noël, président du syndicat des pompiers de la Ville de Gatineau
Beaucoup d’efforts sont déployés pour attirer la relève dans les cohortes locales, qui peuvent parfois diminuer avec le temps, au profit des autres régions du Québec, mais, souvent, la passion du métier surpasse les défis du quotidien.
Je pense qu’on a tous un petit rêve en tant qu’enfant de devenir pompier un jour. Ça fait 33 ans que je fais ça et, chaque jour, je rentre avec le sourire. Et puis, il n’y a pas deux journées pareilles. C’est un des meilleurs métiers au monde.
-Scott Killeen, chef de division intervention du service de sécurité incendie de Gatineau