Couple en séparation : la médiation gratuite en péril ?

Karol-Ann Scott | 21 juin 2023

Les couples en contexte de séparation, qui envisageaient les services gratuits d’un médiateur, devront se trouver un plan B. C’est que les médiateurs familiaux se désintéressent de la pratique et quittent carrément le système de médiation gratuite, faute de salaires convenables. Un enjeu qui pourrait avoir des impacts sur des milliers de familles de l’Outaouais.

Les honoraires des médiateurs, payés par le gouvernement pour un certain nombre d’heures, n’ont pas été augmentés ni indexés depuis 2012. Entre temps, le niveau de difficulté des cas de médiation s’accentue et les séances d’information sur la parentalité sont compromises.

L’Association des médiateurs familiaux du Québec, qui se dit à court d’options, recommande donc à contrecœur de se rediriger vers le privé et de facturer leurs propres honoraires. La présidente de l’Association interpelle le ministre de la Justice, tout en soulignant que les médiateurs n’ont plus les moyens économiques d’attendre.

On en est au stade que, pour éviter une hémorragie complète, on leur demande d’au moins rester au privé et de tout faire ce qu’ils peuvent pour continuer de conserver leur expertise.

-Claudine Cusson, présidente de l’Association des médiateurs familiaux du Québec

L’Association des avocats en droit familial de l’Outaouais appuie les médiateurs de l’État dans leurs revendications puisque eux-mêmes ne sont pas en mesure de déposer les certificats nécessaires afin de poursuivre les démarches judiciaires. D’ailleurs, la grande majorité des dossiers, liés par exemple à la garde d’enfants, vont en médiation et permettent souvent d’éviter la tenue d’un procès.

C’est fort simple. Nous autres, sans médiation, tout tombe à l’eau. Ça marche plus là. Les tribunaux sont déjà engorgés, alors qu’on utilise les services des médiateurs. On a besoin des médiateurs en droit de la famille, il n’y a rien de plus essentiel que ça.

-Me Kim Beaudoin, avocate en droit familial en Outaouais

Par écrit, le cabinet du ministre de la Justice répond que la médiation familiale fait une réelle différence dans la vie des couples qui se séparent et se dit sensible aux demandes des médiateurs, mais qu’il refuse de négocier sur la place publique.