Avortement : Levée de boucliers à Ottawa
Koralie Boyer | 11 mai 2022
Le débat controversé sur la remise en question du droit à l'avortement aux États-Unis soulève de plus en plus les passions au pays. Plusieurs mobilisations se préparent notamment dans la capitale fédérale.
L’une des organisations antiavortement des plus influentes au Canada s’est fait entendre devant la Cour Suprême à Ottawa mercredi matin. Le groupe Campaign Life Coalition a fustigé les libéraux de vouloir défendre le droit à l’avortement au pays. Évidemment, le choix de l’emplacement n’a pas été fait au hasard considérant que la Cour suprême est le plus haut tribunal au pays.
L’organisation déplore que le premier ministre, Justin Turdeau « et d’autres défendent le droit des femmes à tuer un bébé à naître et s’inquiètent de voir les effets que la décision américaine pourrait avoir au Canada ». Une déclaration choc, à la veille d’une confrontation qui se pointe à l’horizon sur la colline parlementaire en vue de la Marche nationale des militants pro-vie. Le Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel d’Ottawa les attend de pied ferme:
« Surtout avec ce qui se passe aux États-Unis présentement, ça fragilise le droit des femmes, explique Josée Laramée , coordonnatrice des services d’intervention au CALACS francophone d’Ottawa. Ce qu’on demande nous, c’est vraiment d’avoir des services gratuits dans toutes les régions partout au Canada. On sait très bien que même si c’est décriminalisé au Canada, de couper l’accès aux services aux femmes qui désirent interrompre volontairement leur grossesse, c’est aussi de couper le droit à l’avortement ».
Entre-temps, le débat commence aussi à avoir des échos à Gatineau. La conseillère, Isabelle N. Miron, a livré un puissant plaidoyer pour le droit des femmes et à l’avortement en pleine réunion du conseil municipal mercredi.
« Si on pense que ça ne peut aucunement toucher les canadiens que de voir les lois américaines se durcir et bien, je pense qu’on fait fausse route explique-t-elle. Malheureusement, il y a des élus, il y a des partis qui ne se cachent pas de vouloir revisiter le droit à l’avortement et pour moi, c’est quelque chose qui est vraiment très inquiétant. »
Selon un récent sondage Léger, 64% des Canadiens interrogés souhaitent protéger le droit à l’avortement, et au Québec 77% sont aussi favorables.