Attente en DPJ: des délais 30 % plus longs en Outaouais pour une première évaluation

Élizabeth Dubé | 25 mai 2023

Le ministère de la Santé et des Services sociaux fait de nouveau parler de lui pour les mauvaises raisons. De nouvelles statistiques démontrent que les délais pour obtenir une première évaluation avec la DPJ explosent dans trois régions du Québec, dont l’Outaouais.

Une bien triste troisième marche du podium. L’Outaouais est la troisième pire région au Québec, tout juste derrière l’Estrie et Montréal. 

En Outaouais et à Montréal, il faut attendre en moyenne 70 jours pour obtenir une première évaluation avec la DPJ. En Estrie, ça monte à près de trois mois d’attente.

Ce qui est inquiétant, c’est quand on compare ces données à la moyenne provinciale, qui est à 41 jours d’attente. Les délais sont donc près de 30% plus élevés dans la région.

Selon le CISSSO, à l’heure actuelle, le délais réel serait plutôt de 40 jours. L’organisation se défend en mentionnant que le début du printemps est toujours une période achalandé au niveau des signalements et que c’est pourquoi de nombreux efforts ont été déployés au cours des dernières semaines pour rétablir les délais d’attentes. Ils amènent comme preuve que le nombre de familles en attente d’une première évaluation est actuellement de 168, comparativement à 300 en mars dernier.

On a sollicité l’aide de toutes toutes les intervenants de l’ensemble des directions cliniques pour venir nous aider, fait que ça nous a permis de faire 3 blitz de fin de semaine pour pouvoir assigner des situations d’enfants. Puis, ça nous a permis justement de diminuer de façon importante notre liste d’attente.

-Colette Nadeau, directrice de la protection de la jeunesse du CISSSO

Selon la représentante nationale de l’Alliance du personnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) en Outaouais, comme pour bien d’autres secteurs, l’explosion du temps d’attente est principalement dû à la migration des employés vers l’Ontario. Elle soutien que dans certains cas, outre les conditions de travail, le salaire en lui-même peut varier jusqu’à 30 000 $ entre les deux rives de la Rivière des Outaouais.

Donc, les jeunes qui en subissent directement les conséquences de cette disparité. Avec plus de 70 jours d’attente pour une première évaluation, elle croit qu’on est pas à l’abri d’un drame comme celui qui est survenu à Granby.

À 70 jours avant une évaluation, tout peut se produire dans un environnement malsain pour l’enfant. Évidemment, c’est des enfants qui vivent dans des situations de compromission où il y a des besoins d’intervention, parfois dans des délais rapides, et c’est des enfants qui ne reçoivent pas nécessairement le service dans un délai optimal.

-Christine Prégent, représentante nationale pour l’APTS en Outaouais

Le CISSSO confirme les temps d’attente sont encore loin de la cible de 22 jours réclamée par Québec, mais que tous les cas urgents, de priorité 1 ou 2, sont répondus dans les délais. C’est notamment grâce au travail du personnel sur le terrain. L’ATPS demande d’ailleurs à Québec une plus grande reconnaissance pour les intervenants en centre jeunesse.