Loi 2 : Les départs de médecins se multiplient

TVA Gatineau | 6 novembre 2025

L’adoption controversée de la Loi 2 par le gouvernement du Québec semble avoir un impact immédiat et dévastateur sur le réseau de la santé en Outaouais. Les démissions de médecins se multiplient dans la région, suscitant de vives inquiétudes quant à l’accès aux soins pour la population locale.

Alors que des départs avaient déjà été signalés, la situation s’est aggravée de manière significative. Au moins deux médecins de famille supplémentaires ont décidé de quitter leurs fonctions ce jeudi, portant le total des départs annoncés à un niveau alarmant.

Ces démissions surviennent notamment après un webinaire sur la Loi 2 organisé par le ministère de la Santé mercredi soir.

La « pointe de l’iceberg » des démissions en Outaouais?

Bien que Santé Québec affirme avoir reçu une trentaine de démissions (chefs de départements et médecins) à travers la province, certains acteurs du réseau estiment que ces chiffres sont largement sous-estimés.

En Outaouais, on confirme au moins huit démissions au CISSSO, mais le nombre réel dans les cliniques privées serait beaucoup plus élevé et difficile à comptabiliser faute de registre centralisé.

L’inquiétude est d’autant plus grande que ces départs pourraient n’être que le début d’une crise bien plus vaste.

L’Ontario voisin « s’inquiète de ne pas pouvoir traiter toutes les demandes qu’ils reçoivent » de médecins québécois, selon des sources.

Le réseau de la santé de l’Outaouais au bord du gouffre

Les conséquences de cette crise sur les services aux patients sont déjà palpables. Des données obtenues auprès du CISSSO révèlent que 50 % de ses salles de chirurgie sont actuellement fermées.

Au cours du dernier mois, 79 journées d’opération ont été perdues, principalement en raison du manque d’infirmières et de thérapeutes respiratoires.

L’un des chefs d’anesthésiologie du CISSSO, qui a récemment démissionné, souligne l’absurdité de la Loi 2 qui « met la responsabilité sur les chirurgiens » pour les délais d’attente, alors que ces derniers ne demandent qu’à opérer.

Face à la « catastrophe » qui se déroule, plusieurs demandent le retrait immédiat de la Loi 2, jugée destructrice pour un réseau déjà fragilisé.

Ouverture du ministre, inquiétude transfrontalière

La situation préoccupe également au-delà du corps médical.

Questionné à l’Assemblée nationale jeudi, le ministre de la Santé s’est toutefois dit ouvert à apporter des changements à la Loi 2, affirmant avoir « tendu la main cette semaine aux deux fédérations pour expliquer des changements qui sont possibles. »