Chauffeur injurié: le Tribunal du travail rejette l’argument de la STO

Louis-Charles Poulin | 9 décembre 2022

La Société de transport de l’Outaouais (STO) devra finalement indemniser l’un de ses chauffeurs, victime d’une lésion professionnelle liée à la colère d’un automobiliste. Dans un récent jugement, le Tribunal administratif du travail a statué que l’employeur doit assumer les frais de prestations, alors que la STO espérait éviter ces frais.

Le chauffeur conduisait son autobus sur la rue King Edward, à Ottawa, alors qu’une voiture aurait percuté son autobus. Le conducteur du véhicule, enragé, aurait alors frappé à la porte de l’autobus et aurait injurié le conducteur de la STO. Ce dernier a été lésé psychologiquement par cet événement survenu le 30 mai 2019.

La STO demandait le transfert de l’imputation de ces coûts. Selon elle, l’accident de travail était attribuable à un tiers puisqu’il ne fait pas partie des tâches d’un chauffeur d’être victime de violence et d’agressivité.

La juge administrative, Manon Chénier, a rappelé que le service à la clientèle fait aussi partie des tâches d’un chauffeur d’autobus. Selon sa décision, bien que cette situation soit déplorable, elle n’est pas exceptionnelle et s’inscrit aux risques inhérents des activités de l’employeur. Le syndicat des chauffeurs de la STO abonde dans le sens de la juge Chénier.

« Dès que tu travailles dans le service à la clientèle, tu t’exposes à des situations où ce que tu vas peut-être avoir des problèmes avec des insultes ou des agressions verbales, des agressions physiques. On est des punching bag, autant au niveau physique qu’au niveau émotionnel. Sur les 500 chauffeurs, il y en a (des cas d’agression) à tous les jours, c’est quelque chose d’assez troublant ».

-Mario Bélec, président du syndicat des chauffeurs de la STO

Par le fait même, la STO devra indemniser ce travailleur. L’organisation a déclaré par courriel qu’elle accepte la décision rendue et précise qu’il s’agissait d’une procédure administrative relative à l’imputation des coûts.