« Décès accidentel »: la prise prolongée d’acétaminophène et un foie malade en cause

Même s’il est facile de s’en procurer sans ordonnance, la prise d’acétaminophène, que l’on retrouve dans les tylenols, n’est pas sans risque. C’est ce que rappelle une coroner, qui s’est penchée sur le «décès accidentel» d’une sexagénaire de Gatineau. En raison de douleurs, elle consommait la dose maximale recommandée de tylenols extra-fort depuis plusieurs mois.

Le rapport de la coroner Francine Danais raconte que la sexagénaire est décédée en décembre 2022. La cause du décès serait une insuffisance hépatique secondaire à un foie métastasique dans un contexte de prise prolongée d’acétaminophène.

La Gatinoise s’était rendue à l’hôpital pour une douleur au genou et une mise à jour de son bilan sanguin et des tests ont notamment révélé qu’elle avait probablement consommé un niveau toxique d’acétaminophène. Une substance habituellement éliminée par le foie. Par contre, dans son cas, des analyses ont suggéré qu’elle avait probablement un cancer du foie.

Si le foie est malade, il n’élimine plus. Ça veut dire qu’on en accumule. Fait que si tu prends la dose maximale […] et tu en reprends, tranquillement pas vite tu dépasses la dose maximale et là tu causes les lésions.

-Me Francine Danais, coroner dans la région de l’Outaouais

Selon Me Danais, il existe une croyance populaire erronée à l’effet que les médicaments en vente libre, comme les tylenols, sont inoffensifs. Elle rappelle que le bureau du coroner a investigué pas moins de 19 décès liés à l’acétaminophène depuis cinq ans.

De plus, selon le Centre antipoison, l’an dernier ce médicament a causé plus de 3400 intoxications, majoritairement en raison d’erreurs de dosage. C’est pourquoi, selon Me Danais, toute prise prolongée de cette substance devrait se faire sous supervision médicale.

C’est un médicament et chaque médicament a des contre-indications ou peut avoir des effets secondaires, comme dans le cas que notre dame a vécu.

-Me Francine Danais, coroner dans la région de l’Outaouais

Dans le cas précis de cette dame, Me Danais précise qu’aucune autopsie n’a eu lieu puisque l’avis au coroner a été envoyé trois mois après le décès. Elle a tout de même pu formuler plusieurs recommandations dans son rapport visant à sensibiliser aux risques associés à la prise de médicaments.