Le chef de police d’Ottawa démissionne
TVA Gatineau | 15 février 2022
Le siège, qui sévit dans la capitale fédérale depuis 19 jours, aura eu raison du chef de police d'Ottawa. Après avoir été vivement critiqué durant la crise, Peter Sloly, a officiellement remis sa démission. Un important revirement de situation.
Le chef Sloly a souvent été montré du doigt pour son approche passive envers les militants qui ont pris d’assaut le centre-ville. Il a martelé plusieurs fois que son service n’avait pas les ressources nécessaires pour intervenir.
Dans une déclaration écrite, le maire, Jim Watson, a tenu à remercier Peter Sloly pour ses services et a ajouté qu’il était malheureusement devenu clair que plusieurs n’étaient pas satisfaits de la réponse policière pour mettre fin à l’occupation.
Sa démission, issue d’une entente mutuelle, a été officialisée dans le cadre de la réunion extraordinaire de la Commission des services policiers d’Ottawa, qui a été reportée à trois reprises au courant de la journée de mardi.
Il était absent lors de la séance virtuelle et les raisons de son départ, liées à des relations de travail, n’ont pas été évoquées.
C’est le chef adjoint, Steve Bell, assurera l’intérim jusqu’à nouvel ordre.
« L’occupation illégale a causé un grand stress pour les résidents qui habitent à Ottawa et ça a amené de grands défis pour le service de police et la Ville. Je sais que ça a été difficile, je sais que ça continue d’être difficile, mais je suis sûr qu’on a atteint le point tournant ».
-Steve Bell, chef adjoint du Service de police d’Ottawa
Le centre de commandement intégré en action
Le fédéral, de son côté, mis sur le renfort déployé sur le terrain. Un centre de commandement intégré, composé de la Police provinciale de l’Ontario et de la GRC, a été mis en place.
« Notre but est d’assurer que le service de police, la Police provinciale de l’Ontario et la GRC ont tous les outils nécessaires pour faire respecter l’ordre public à Ottawa ».
-Marco Mendicino, ministre fédéral de la Sécurité publique
Démission sous la pression ?
Le départ du chef de police en pleine crise soulève plusieurs questions. S’agit-il d’une démission volontaire ou forcée, dans un climat tendu ?
« Depuis le début de la manifestation, le chef est en première ligne et est critiqué depuis le début. Donc, c’est sûr que c’est lui qui est visé par l’apparence de l’inaction du service de police d’Ottawa. Les camions sont encore sur la rue Wellington à Ottawa, ils ne bougent pas de là. Les policiers sont autour, mais il ne semble pas y avoir d’action qui semble concrète pour les déloger de là ».
-Dave Blackburn, expert sur la question des Forces armées canadiennes
Selon les plus récentes données, plus de 3000 contraventions ont été émises et 172 enquêtes criminelles, une trentaine d’accusations et 18 arrestations ont été effectuées.
Une annonce tardive ?
Selon un expert, il s’agit d’une action qui manque de vigueur, alors que toute une série de mesures supplémentaires aurait pu être évoquée, comme des mesures d’évacuation par exemple.
Rappelons que Justin Trudeau a écarté le recours éventuel à l’Armée.
« Je crois que M. Trudeau a joué de la politique de façon un peu dangereuse dans la mesure où, si vous voulez, il a attendu qu’au fond, l’opinion publique lui dise que c’est le moment d’intervenir. Généralement, c’est pas tout à fait comme ça qu’on fait les choses quand on est un leader. Quand on est un leader, on dit « voilà, j’en ai ras le bol, c’est fini et on prend les mesures. Je ne suis pas allé dans la rue pour vous demander si vous êtes d’accord avec moi ».
Ferry de Kerckhove, École supérieure d’affaires publiques et internationales, Université d’Ottawa